Gunmetal Symphony : la Porsche 911 revisitée en tubes d’acier

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En 2021, Antoine Dufilho explore une nouvelle voie : les tubes d’acier inoxydable. Avec Gunmetal Symphony, le sculpteur nordiste transpose sa vision de la Porsche 911 dans un langage inédit. Cette approche tubulaire ouvre des perspectives visuelles que ses précédentes créations en lamelles d’acier inoxydable ne permettaient pas.

L’idée derrière les tubes

« En 2021 j’ai voulu me lancer un nouveau défi et présenter une œuvre inédite », explique l’artiste. Cette fois, il travaille exclusivement avec des tubes d’inox. Un changement radical par rapport à ses sculptures précédentes.

Le sculpteur nordiste parle de « nouveau style tubulaire ». Les tubes créent des effets visuels qu’il n’obtenait pas avec ses anciennes techniques. Selon l’angle, on voit tantôt une dentelle de métal, tantôt un nid d’abeilles.

Le passage des lamelles aux tubes n’est pas anodin. Depuis 2012, Dufilho travaillait principalement avec des plaques d’acier inoxydable découpées. Ses Bugatti Atlantic, ses Ferrari, toutes suivaient cette logique de la découpe. Avec Gunmetal Symphony, il abandonne cette approche pour explorer l’assemblage de tubes cylindriques.

Cette évolution technique change tout. Souder des tubes d’acier inoxydable demande une précision différente. Chaque tube doit être positionné avec exactitude pour créer l’effet recherché. L’erreur n’est plus permise comme avec les lamelles qu’on peut ajuster.

Une monumentale imposante

La version grande taille fait 4m30 de long, 1m80 de large et 1m40 de haut. Pas vraiment discret. Les tubes d’inox donnent une impression de vitesse, même quand la sculpture ne bouge pas.

Les roues sont légèrement ovales et évidées. Un détail qui renforce cette sensation de mouvement. De face, l’effet change complètement. On ne voit plus une voiture mais une structure géométrique complexe.

Dufilho joue encore avec ses obsessions : le vide et le plein, l’illusion et la réalité. Mais les tubes apportent quelque chose de nouveau. La transparence fonctionne différemment.

Les petites versions

Toutes les sculptures de Dufilho n’atteignent pas les 4 mètres. Les versions plus petites gardent la même technique tubulaire. Même matériau, mêmes effets visuels, format plus accessible.

Ces pièces permettent de comprendre le travail de l’artiste sans avoir besoin d’un hangar pour les exposer. L’acier inoxydable garde son aspect, que la sculpture fasse 80 cm ou 4 mètres.

Une évolution logique

Cette Porsche tubulaire s’inscrit dans l’évolution du travail de Dufilho. Après les Bugatti en lamelles, après Red Racing Flower, il fallait inventer autre chose. Les tubes d’acier, c’est sa réponse.

L’artiste construit toujours pour déconstruire ensuite. Il garde l’essence de l’objet, pas sa forme exacte. Avec Gunmetal Symphony, il pousse cette logique plus loin.

Son parcours explique cette approche. Formé à l’architecture à Lille après des études de médecine abandonnées, Dufilho comprend les structures. Il sait comment une ossature fonctionne, comment elle peut être révélée ou cachée. Cette connaissance technique nourrit ses sculptures depuis le début.

Gunmetal Symphony marque aussi un retour aux sources allemandes. Après avoir longtemps privilégié les marques françaises et italiennes (Bugatti, Ferrari), il choisit une Porsche. Un choix qui n’est pas innocent. La 911 symbolise l’ingénierie allemande, la précision, la performance durable. Des valeurs qui collent à son approche du tube d’acier.

Technique et contraintes

Travailler l’acier inoxydable en tubes demande une maîtrise particulière. Contrairement à l’aluminium, plus souple, l’inox impose ses règles. Les soudures doivent être parfaites. Chaque tube se dilate différemment selon la température.

Dans son atelier de containers maritimes près de Lille, Dufilho a dû adapter ses outils. Nouveaux postes à souder, nouvelles techniques de découpe. Le processus de création s’est allongé. Là où une sculpture en lamelles prenait quelques semaines, Gunmetal Symphony a nécessité plusieurs mois de travail.

L’effet cinétique

En tournant autour de la sculpture, on découvre des aspects différents. Vision cinétique à 360°, comme dit Dufilho. L’observateur devient acteur de l’œuvre. Il faut bouger pour la comprendre.

C’est peut-être ça, l’innovation des tubes. Ils créent une profondeur que les lamelles n’offraient pas. Plus de transparence, plus de jeux d’ombre et de lumière.

Où la voir

Gunmetal Symphony circule dans les galeries internationales qui exposent Dufilho. De Paris à New York, l’œuvre trouve son public. Les amateurs d’art automobile apprécient cette approche différente.

Les tubes d’acier inoxydable vieillissent bien. L’œuvre garde son aspect au fil des expositions. Un avantage pour les collectionneurs qui misent sur la durabilité.

L’œuvre a marqué les visiteurs lors de sa première présentation. Certains critiques parlent d’une « renaissance de la sculpture automobile ». D’autres y voient une influence de l’art conceptuel des années 70. Dufilho, lui, reste pragmatique : « Je voulais juste essayer autre chose. »

La version monumentale pose des défis logistiques. Quatre mètres trente, cela ne rentre pas partout. Les galeries doivent adapter leurs espaces. Certaines expositions sont conçues spécifiquement autour de cette pièce. Un succès qui confirme l’impact de l’innovation tubulaire.

Un marché qui suit

Le marché de l’art automobile explose depuis dix ans. Les collectionneurs cherchent des pièces originales. Gunmetal Symphony arrive au bon moment. Les versions petit format trouvent preneur rapidement.

Les prix reflètent cette demande. Une sculpture de 80 cm se négocie dans une fourchette haute. La version monumentale, elle, relève de l’investissement patrimonial. Seules quelques pièces existent.

Jean Todt, ancien président de la FIA, possède plusieurs œuvres de Dufilho. Il vient de commander deux sculptures monumentales pour sa propriété. Une reconnaissance qui compte dans ce milieu.

Et maintenant ?

Avec cette Porsche 911 tubulaire, Dufilho confirme sa capacité à se réinventer. Treize ans après sa première Bugatti Type 35, il continue d’explorer les liens entre automobile et sculpture.

Les tubes d’acier ouvrent de nouvelles possibilités. Reste à voir ce qu’il en fera dans ses prochaines créations.

Pour suivre l’actualité d’Antoine Dufilho et découvrir ses prochaines expositions en France et dans le monde : www.antoinedufilho.com et @antoine.dufilho sur Instagram.