Les sculptures monumentales d’Antoine Dufilho : l’art à taille réelle

Quand l’automobile devient monument urbain : les créations de plusieurs tonnes d’Antoine Dufilho transforment les espaces publics de Nice au Touquet en galeries à ciel ouvert.
Quand la sculpture automobile change d’échelle
Antoine Dufilho ne se contente pas de sculpter des voitures miniatures. En effet, l’artiste autodidacte crée des œuvres monumentales depuis son atelier. Il a construit cet espace à partir de containers maritimes dans la campagne lilloise. Ainsi, ses sculptures défient les lois de la pesanteur visuelle.
D’ailleurs, ses œuvres transforment l’automobile iconique en expérience urbaine immersive. On les retrouve installées dans des villes prestigieuses. Le Touquet, Nice, Sainte-Maxime et Cannes accueillent ces géants de métal.
Par ailleurs, le passage du miniature au monumental révolutionne l’approche de la sculpture automobile. Une œuvre de salon dialogue avec l’intimité d’un intérieur. En revanche, les créations monumentales de Dufilho s’imposent dans l’espace public. Elles arrêtent les passants. Elles redéfinissent le paysage urbain.
Les dimensions de l’impossible : défis techniques et créatifs
Les chiffres donnent le vertige. Tout d’abord, Red Racing Flower mesure 4m60 x 1m93. Cette sculpture inspirée de la Ferrari 330 P4 pèse en réalité 2 tonnes. Un socle de 2m x 5m la maintient à 70 cm du sol.
Ensuite, Gunmetal Symphony impressionne par ses dimensions. La Porsche 911 en tubes d’inox mesure 4m30 de long. Elle atteint 1m80 de large et 1m40 de haut. Son poids total : 1 400 kg.
De plus, Formula One pousse la complexité technique encore plus loin. L’œuvre mesure 4,30 m x 2m x1m pour 1200kg. L’artiste utilise 65 plaques de métal pour cette création. Il précise d’ailleurs son intention : créer une impression de légèreté malgré le poids imposant. Chaque plaque présente un positionnement et une inclinaison différents.
En outre, le paradoxe guide la démarche artistique. Dufilho crée de la transparence avec des tonnes de métal. Les 100 lames d’aluminium laquées rouge de Red Racing Flower illustrent ce concept. Elles s’ouvrent comme une fleur qui éclot. De même, Gunmetal Symphony révèle un nid d’abeilles artistique vu de face.
Finalement, chaque matériau sert cette quête de légèreté impossible. L’aluminium laqué, l’acier inoxydable poli miroir, l’acier corten pour La Dolce Vita. L’artiste sélectionne chaque matériau pour ses qualités spécifiques. Réflexion, oxydation, résistance : la sculpture devient capteur de lumière et de météo.
L’œuvre dans l’espace public : transformer le paysage urbain
L’installation du Touquet reste la plus emblématique. En effet, Red Racing Flower trône désormais devant l’hôtel Westminster. La Baule avait d’abord accueilli l’œuvre de juillet à septembre 2020. Puis, la sculpture a trouvé son écrin définitif dans cette ville balnéaire.
Par ailleurs, Nice a exposé Red Stream sur le quai des États-Unis. L’installation s’étendait du 6 novembre 2023 au 28 février 2024. Ainsi, le rouge Ferrari dialoguait avec le bleu méditerranéen. Auparavant, le Mondial de l’Auto 2022 avait présenté cette même sculpture. Plus de 400 000 visiteurs l’ont admirée, entourée de 16 Ferrari.
De plus, en 2024, Sainte-Maxime accueille plusieurs œuvres de Dufilho. Vivacity et Agility ornent la Route du Plan-de-la-Tour et le quai Léon Condroyer. Parallèlement, Cannes expose Gunmetal Symphony sur le boulevard de la Croisette. Enfin, le Grand Prix de France 2022 a présenté Formula One dans l’enceinte du circuit. Cette installation consacre une sculpture qui capture l’esprit de la course.
La monumentalité comme expérience immersive
Les sculptures monumentales de Dufilho transforment le spectateur en acteur. En effet, l’objet statique s’anime grâce à la vision cinétique. Le spectateur déambule autour de l’œuvre. Ainsi, il obtient une interprétation différente selon son point d’observation.
De surcroît, la taille amplifie l’effet cinétique. Prenons l’exemple de Caméléon avec ses faces bleue et jaune. La réverbération de la lumière crée une couleur supplémentaire : le vert. Ce jeu optique devient spectacle urbain à l’échelle monumentale. Vue de 3/4 avant gauche, elle semble jaune. Mais elle paraît bleue depuis la droite.
Par ailleurs, La Dolce Vita marque une nouvelle étape. Cette première sculpture monumentale de bateau s’inspire du Riva Aquarama. L’artiste mélange acier corten rouillé et inox poli miroir. Ainsi, Dufilho étend son vocabulaire au-delà de l’automobile.
En outre, l’environnement fait partie intégrante de l’œuvre. Les reflets du soleil animent l’inox poli. La pluie patine l’acier corten. Les ombres portées évoluent avec les heures. Chaque sculpture vit au rythme de son environnement.
L’avenir monumental
La reconnaissance internationale confirme cette approche monumentale. Jean Todt possède trois œuvres de l’artiste. L’ancien président de la FIA a commandé deux nouvelles sculptures monumentales. Elles orneront bientôt le parc de sa propriété.
De plus, le Petersen Automotive Museum de Los Angeles expose la Bugatti Atlantic de Dufilho. L’œuvre côtoie l’un des deux seuls modèles originaux existants.
Enfin, Antoine Dufilho expose dans plus de 50 galeries internationales. Paris, Genève, Londres, Miami, Atlanta, Montreal: l’artiste repousse les limites du possible. Ses sculptures monumentales dépassent le statut d’œuvres d’art. Elles deviennent patrimoine urbain, points de repère, lieux de rencontre. L’automobile transcende sa fonction. Elle retrouve sa dimension mythique dans l’espace public.