Red Racing Flower : l’hommage vibrant de Dufilho à la Ferrari 330 P4

Une sculpture monumentale transforme la mythique Ferrari 330 P4 des 24 Heures du Mans 1967 en installation permanente au cœur du Touquet, créant un dialogue entre art automobile et espace urbain.
La Ferrari 330 P4 réinventée en monument urbain
Red Racing Flower représente l’interprétation monumentale par Antoine Dufilho de la Ferrari 330 P4 des 24 Heures du Mans de 1967. Cette création impressionne par ses dimensions : 4,60 m x 1,93 m pour 1,7 tonne.
L’artiste a choisi ce modèle iconique pour créer une sculpture qui transcende la simple représentation. Le rouge Ferrari, couleur emblématique de la marque au cheval cabré, habille les 100 lames d’aluminium de 3 mm qui composent l’œuvre. Cette réalisation marque un tournant dans l’approche artistique de Dufilho, transformant le bolide de course en art public accessible.
L’architecture d’une fleur mécanique : des ailes déployées en aluminium
Les cent plaques d’aluminium laquées constituent l’essence structurelle de Red Racing Flower. Dufilho décrit leur disposition poétiquement : elles « s’ouvrent à la manière d’une fleur qui commence à éclore. » Cette métaphore florale donne son nom à la création et révèle l’intention créative : transformer la puissance mécanique en grâce organique.
L’artiste joue avec les effets de transparence à 360 degrés entre les vides et les pleins. Les plaques suivent les courbes de la carrosserie, chacune possédant un angle différent. Les espaces entre elles augmentent et diminuent progressivement, procurant un effet d’accélération. La sculpture apparaît comme propulsée par ses roues, avec les plaques qui « se déploient comme des ailes » autour d’elles, créant l’illusion d’une voiture en pleine course.
Le paradoxe central réside dans cette capacité à créer une impression de légèreté avec près de 2 tonnes de métal. Les lamelles de 3 mm, par leur disposition savante, transforment la masse en mouvement, la lourdeur en élégance aérienne. La pièce défie les lois de la perception, incarnant la vitesse dans l’immobilité.
Des 24 Heures du Mans au Touquet : un parcours prestigieux
Red Racing Flower a connu un parcours d’expositions remarquable. L’œuvre fut présentée aux 24 Heures du Mans dans le Village, aux côtés de Caméléon, autre création monumentale de Dufilho. Cette exposition au cœur de l’événement mythique représentait un moment fort pour l’artiste : « J’ai accompli un rêve d’enfant », confie-t-il. Le soutien de Jean Todt, qui suit son travail depuis plusieurs années, ainsi que de Stéphane Fillastre de la FIA et des organisateurs de l’ACO, ont rendu possible cette présentation exceptionnelle.
La Baule avait auparavant accueilli la sculpture de juillet à septembre 2020, première exposition publique qui permit de mesurer l’impact sur les spectateurs. Le Touquet a ensuite proposé d’installer définitivement l’œuvre en son centre, devant l’hôtel Westminster. Cette implantation pérenne consacre la création comme élément du patrimoine urbain de la ville balnéaire.
L’expérience cinétique : quand le spectateur anime l’œuvre
« L’objet statique s’anime en raison de la vision cinétique du spectateur qui déambule autour. Il obtient une interprétation différente en fonction de son point d’observation », explique Dufilho. Cette dimension interactive transforme chaque passant en acteur, créant une expérience unique pour chaque visiteur.
Au Mans, l’artiste souligne avoir « toujours considéré les 24 heures comme une source d’admiration et d’inspiration. » Cette connexion émotionnelle transparaît dans la sculpture qui capture l’essence de la course. L’accueil chaleureux du public lors de l’exposition confirma la réussite de cette transmission d’émotion.
La pièce vit désormais au rythme des saisons devant le Westminster. La lumière naturelle joue avec le rouge laqué, créant des reflets changeants selon l’angle du soleil. Le matin projette des ombres allongées sur la pelouse tandis que le midi fait vibrer le rouge Ferrari. Les jours de pluie, l’aluminium brille différemment, offrant une nouvelle lecture de la composition.
Une Ferrari devenue icône urbaine et artistique
Red Racing Flower transcende le simple hommage automobile pour devenir une pièce majeure de l’art contemporain français. En métamorphosant la 330 P4 en monument permanent, Dufilho offre au Touquet un nouveau point de repère. La création établit un dialogue inédit entre le patrimoine automobile des années 1960 et l’art sculptural du XXIᵉ siècle.
Devant le Westminster, cette fleur mécanique aux ailes d’aluminium continue de capturer l’essence de la vitesse dans l’immobilité absolue. Les cent éléments de 3 mm perpétuent le mythe de la P4, transformant une légende de la course en méditation artistique accessible à tous. Cette réalisation prouve qu’une voiture de course peut devenir poésie urbaine, qu’une Ferrari peut fleurir en permanence au cœur d’une ville.
L’œuvre d’Antoine Dufilho réussit l’exploit de faire cohabiter performance mécanique et contemplation artistique. Du village des 24 Heures du Mans à l’installation permanente au Touquet, Red Racing Flower incarne ce « rêve d’enfant » devenu réalité monumentale. La Ferrari 330 P4 de 1967 dialogue éternellement avec le XXIᵉ siècle, transformée en patrimoine culturel vivant.